Alors que le Togo traverse une période de revendications sociales sans précédent, le comportement des militaires soulève une question centrale : l’armée protège-t-elle vraiment le peuple ou défend-elle un système qui l’opprime elle aussi ? Derrière l’image d’une armée toute-puissante qui a choisi le camp de l’oppresseur, se cache pourtant une réalité plus nuancée, plus tragique : celle d’hommes en uniforme aussi précaires que ceux qu’ils répriment.
Pourquoi l’armée s’oppose t-elle au changement social ?
Ce 26 juin 2025, les Togolais ont répondu à l’appel de la société civile, de la diaspora et de plusieurs mouvements citoyens pour exiger pendant trois jours (26,27,28 juin) des conditions de vie décentes, la libération des prisonniers politiques, une justice équitable et un bilan clair des 20 années de pouvoir de Faure Gnassingbé.
Mais face à cette mobilisation pacifique, des militaires ont été déployés, lourdement armés, pour réprimer la foule. Des manifestants désarmés ont été pourchassés, battus, parfois jusque dans leurs maisons. Certains ont été arrêtés, d’autres torturés. Même les simples passants n’ont pas été épargnés.
Dans tous les secteurs, dès qu’il y a des grognements ou des revendications, le pouvoir de Lomé n’a qu’une seule option : déployer des militaires, leur donner tous les moyens afin de réprimer sauvagement toutes les voix dissidentes.
Une question vient alors dans la tête de tous les togolais : l’armée Togolaise fait-elle partie de la minorité qui pille et partage les bien du pays ?
Des militaires aussi précaires que les civils
Jusqu’ici, les Togolais pensaient que l’armée souffre et est assoiffée de justice et de développement, mais les premières réponses aux manifestations du 6 juin et celles du 26 juin nous ont prouvé le contraire. En effet, elle s’est farouchement opposée à toutes les manifestations, en usant de la violence comme moyen de répression. Elle a ensuite procédé aux arrestations et tortures, selon plusieurs témoignages.
Cette violence soulève une question troublante : pourquoi une armée issue du peuple se retourne-t-elle contre lui ? En réalité, les militaires togolais vivent dans des conditions proches de celles qu’ils répriment. Leurs enfants vont dans les mêmes écoles délabrées, leurs femmes accouchent dans les mêmes centres de santé sous-équipés, leurs salaires peinent à couvrir les besoins du foyer.
Beaucoup obéissent à des ordres qu’ils ne comprennent pas, sous le joug de la hiérarchie, parfois par peur, parfois par résignation.
Mais d’autres semblent agir avec une violence froide et assumée, comme le témoigne le message vocal d’un militaire qui menace ouvertement et promet de tuer au moins 10 manifestants avant de rentrer chez lui.
Le cri du peuple, le silence des armes
Loin d’apaiser les tensions, cette militarisation du pouvoir renforce l’exaspération d’une population qui n’aspire qu’à vivre dignement. Le pouvoir, fidèle à sa ligne, envoie les uniformes face aux cris, les fusils face aux pancartes.
Mais le peuple togolais ne désarme pas. Il continue de se lever, d’alerter les organismes internationaux, d’exiger la vérité et la justice.
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Dans les quartiers, dans les hôpitaux, dans les écoles, une même voix se fait entendre : celle d’un peuple qui refuse de se taire. Et si l’armée a choisi le silence des ordres, le peuple, lui, a choisi la voix du courage.