Au Kenya, le ministre de l’Intérieur Kipchumba Murkomen a accusé les manifestants antigouvernementaux d’avoir tenté de renverser le pouvoir en place lors d’une journée de troubles meurtriers. Une déclaration immédiatement rejetée par les leaders du mouvement, qui y voient une tentative de détourner l’attention des revendications légitimes de la population.
Murkomen affirme que les affrontements ont coûté la vie à dix personnes tandis que de son côté, Amnesty Kenya parle de seize morts, toutes tuées par balles, tirées selon elle par les forces de l’ordre. À Nairobi, des incendies ont ravagé au moins dix bâtiments. Au lendemain des violences, les commerçants ont commencé à nettoyer les décombres. Des milliers de manifestants ont répondu à l’appel pour marquer l’anniversaire des grandes mobilisations de l’an dernier. La colère a redoublé après la mort en détention du blogueur Albert Ojwang plus tôt ce mois-ci.
Lors d’une conférence de presse, le ministre a accusé les manifestants de « tentative de coup d’Etat ». Il a expliqué que la police avait dû intervenir pour empêcher la foule d’atteindre le Parlement et la résidence présidentielle. Il a également dénoncé les violences, les pillages et les agressions, qu’il a attribués à des « anarchistes criminels ».
Boniface Mwangi, l’un des meneurs de la contestation, a dénoncé une manœuvre politique. « Qualifier ces manifestations de coup d’État ne sert qu’à masquer les vrais problèmes », a-t-il déclaré à l’agence Reuters.
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Dans le centre de Nairobi, Ibrahim Hamisi, dont le bâtiment a brûlé, a lancé un appel au dialogue. « Le gouvernement doit parler avec la Génération Z, et la Génération Z doit accepter de discuter avec le gouvernement » dit-il. À ses côtés, Josephine Apondi évalue ses pertes à plus de deux millions de shillings, volés dans sa boutique pendant les violences. La mort d’Albert Ojwang, à l’origine de la dernière vague de protestation, a conduit à l’inculpation de six personnes, dont trois policiers. Tous ont plaidé non coupable.