Après plus de six décennies de présence ininterrompue, l’armée française a officiellement quitté le Sénégal le jeudi 17 juillet. Lors d’une cérémonie sobre à Dakar, le général Pascal Ianni a symboliquement remis les clés du camp Geille, la plus grande base militaire française du pays, à son homologue sénégalais, le général Mbaye Cissé. Ce retrait signe la fin des Éléments Français au Sénégal (EFS), composés d’environ 350 soldats, et d’un chapitre entamé dès l’indépendance en 1960.
Cette décision s’inscrit dans une dynamique plus large de repli militaire français en Afrique, après des retraits successifs au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad, en Côte d’Ivoire et au Gabon. Dans un climat régional marqué par l’insécurité croissante au Sahel et la montée des régimes militaires hostiles à Paris, le Sénégal reste l’un des rares pays à avoir choisi la voie du dialogue.
Le président Bassirou Diomaye Faye a défendu un « partenariat rénové » fondé sur le respect de la souveraineté sénégalaise, sans rupture brutale avec l’ancienne puissance coloniale.
Une page d’histoire militaire tournée
Depuis 1960, les accords bilatéraux ont permis à la France d’appuyer la construction de l’armée sénégalaise. D’abord avec les Forces Françaises du Cap-Vert, remplacées en 2011 par les EFS, la présence militaire française à Dakar avait progressivement évolué vers un rôle d’accompagnement et de formation.
En 2012, le traité de coopération avait déjà acté la fin des unités combattantes françaises au Sénégal, confiant la défense nationale aux seules forces sénégalaises.
Vers une relation repensée avec la France
Le départ définitif des troupes françaises marque un tournant géopolitique fort. Dakar affirme désormais son autonomie stratégique et ambitionne de nouer des relations équilibrées avec tous ses partenaires.
La France, de son côté, réoriente sa posture militaire sur le continent, conservant une base à Djibouti comme principal point d’appui.
Ce divorce maîtrisé avec le Sénégal s’inscrit dans une nouvelle ère où les États africains veulent redéfinir les termes de leur souveraineté face aux anciennes puissances.

