Les Guinéens ont réagi avec indignation à l’annonce de la caution fixée à 875 millions de francs guinéens, soit environ 100 000 dollars, pour se présenter à la présidentielle de décembre. Ce scrutin, censé marquer le retour du pouvoir civil après le coup d’État de 2021 mené par le colonel Mamady Doumbouya, se déroule sous une nouvelle constitution qui autorise le chef de la junte à briguer la présidence, bien qu’il n’ait pas encore confirmé sa candidature.
Cette somme, jugée exorbitante par de nombreux observateurs, suscite un vif débat dans le pays. « Ce montant est colossal », déplore l’analyste politique Kabinet Fofana, estimant qu’il décourage les candidatures et alimente les critiques sur la transparence du processus.
Certains rappellent qu’en 2005, la caution ne dépassait pas 50 millions de francs, avant de grimper à 400 millions en 2010, puis d’atteindre des sommets aujourd’hui. À titre de comparaison, elle est de 53 000 dollars au Cameroun et de 90 000 dollars en Côte d’Ivoire.
Les autorités justifient ce montant par la volonté d’attirer des candidats « crédibles », mais l’opposition y voit une manœuvre pour écarter les moins fortunés. Plusieurs figures politiques historiques, dont Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, sont absentes de la liste provisoire. Alors que 50 partis et 16 candidats indépendants ont été retenus, de nombreux Guinéens redoutent que ces élections, censées tourner la page de la junte, ne consacrent au contraire une démocratie verrouillée par l’argent.

