Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a suspendu sans solde le ministre de la Police, Senzo Mchunu. La suspension intervient après que le chef de la police du KwaZulu-Natal, Nhlanhla Mkhwanazi, l’a accusé de collusion avec un syndicat du crime.
Lors d’une conférence de presse, Mkhwanazi a affirmé que Mchunu avait interféré dans plusieurs enquêtes sensibles et protégé des figures politiques et policières. En réponse, Mchunu a nié les faits, dénoncé des accusations sans fondement et réaffirmé son attachement à l’État de droit.
Une commission d’enquête judiciaire annoncée
Sous la pression de l’opinion publique et des partis politiques, Ramaphosa a décidé de créer une commission judiciaire pour faire la lumière sur cette affaire. « Ces allégations exigent une enquête urgente et approfondie », a-t-il déclaré à la télévision nationale. Il a nommé le professeur de droit Firoz Cachalia au poste de ministre de la Police par intérim, le temps que les investigations suivent leur cours.
Mkhwanazi a livré des éléments accablants, notamment des échanges WhatsApp, pour étayer ses accusations. Il a notamment reproché à Mchunu d’avoir dissous une unité spéciale chargée d’enquêter sur les assassinats politiques. D’après lui, plus de 100 dossiers ont disparu du radar depuis, sans suite judiciaire. Le commissaire estime que ce démantèlement visait à protéger des individus liés à un réseau criminel influent.
Une crise politique aux ramifications profondes
Ce scandale secoue l’ANC, alors que Mchunu, figure de poids au sein du parti, envisage une candidature à un poste clé lors de la conférence électorale de 2027. L’Alliance démocratique, principal allié de coalition de l’ANC, exige une enquête parlementaire.D’autres partis réclament une suspension immédiate, jugeant la mise à l’écart provisoire insuffisante.
La criminalité endémique inquiète depuis longtemps les investisseurs. La Banque mondiale estime que l’insécurité coûte chaque année près de 10 % du PIB sud-africain. Ramaphosa, qui a fait de la lutte contre la corruption un axe majeur de son mandat, se retrouve ainsi face à un test politique décisif.