À 92 ans, Paul Biya a déclenché un vaste remaniement militaire, quelques jours seulement après avoir annoncé sa candidature à un huitième mandat à la tête du Cameroun. Mardi soir, le président a signé une série de décrets nommant de nouveaux responsables à la tête de l’armée de terre, de l’air et de la marine, tout en promouvant huit généraux de brigade au grade de général de division.
Le coordinateur du Bataillon d’intervention rapide (BIR), unité d’élite très proche du pouvoir, a également été récompensé. Cette réorganisation intervient à trois mois de la présidentielle prévue le 12 octobre, dans un climat politique déjà tendu.
Une manœuvre politique bien orchestrée
Selon plusieurs analystes, Biya cherche à consolider son pouvoir en s’assurant le soutien total des forces armées. Pour Anthony Antem, du Nkafu Policy Institute, il s’agit de bâtir une « forteresse de généraux loyaux » capable de dissuader toute contestation. Ce remaniement montre la volonté du président de verrouiller le paysage sécuritaire autour de sa personne alors que sa longévité au pouvoir suscite des interrogations croissantes. Le gouvernement, lui, reste silencieux sur les motivations officielles de ces changements.
Une candidature qui divise l’opinion
L’annonce de sa nouvelle candidature a déclenché une vague de critiques sur les réseaux sociaux et dans la presse. Beaucoup s’interrogent sur ses capacités à diriger après plus de 40 ans au pouvoir et alors qu’il pourrait atteindre 99 ans à la fin du prochain mandat.
Mais son entourage assure qu’il est en bonne santé et pleinement en mesure de gouverner. Biya, fidèle à sa méthode, préfère s’appuyer sur la loyauté des institutions plutôt que de répondre directement aux critiques.
Des défis sécuritaires toujours brûlants
Le Cameroun reste confronté à plusieurs foyers de tension : le conflit séparatiste dans les régions anglophones et les menaces djihadistes dans le nord, à la frontière nigériane. En plaçant des hommes de confiance aux postes stratégiques, Paul Biya entend sécuriser le pays avant le scrutin.
Ce n’est pas la première fois qu’il use du levier militaire à des fins politiques : un précédent remaniement avait déjà eu lieu en octobre dernier, à son retour d’un long séjour à l’étranger qui avait relancé les spéculations sur sa santé.