Le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, affirme ne pas avoir reçu d’invitation officielle pour participer aux négociations de paix avec la République démocratique du Congo, prévues à Doha. Le chef du mouvement, Bertrand Bisimwa, a indiqué jeudi qu’aucune délégation du M23 n’était présente sur place, alors que les discussions devaient débuter vendredi.
Ce contretemps menace l’objectif ambitieux fixé par les parties pour mettre fin aux violences meurtrières dans l’est de la RDC, qui ont déjà fait des milliers de victimes et provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes en 2025.
Un processus déjà fragilisé
Fin janvier, le M23 avait pris le contrôle de Goma, plus grande ville de l’est du pays, consolidant son emprise sur un territoire plus vaste que jamais. Washington, qui joue un rôle de médiateur entre Kinshasa et Kigali, espère que ces négociations aboutiront à une paix durable et stimuleront les investissements occidentaux dans une région riche en minerais stratégiques comme le tantale, le cobalt, l’or ou le lithium.
Le Rwanda, accusé de longue date de soutenir militairement le M23, continue de nier toute implication directe, affirmant agir uniquement pour se défendre contre l’armée congolaise et les milices hutus issues du génocide de 1994.
Blocage autour de la libération des prisonniers
Dans le cadre d’une médiation parallèle menée par le Qatar, le M23 et le gouvernement congolais avaient signé, le 19 juillet, une déclaration de principes prévoyant l’ouverture de négociations au plus tard le 8 août, avec l’objectif de conclure un accord de paix d’ici le 18 août. Mais selon un autre cadre du M23, Kinshasa n’aurait pas respecté ses engagements, notamment la libération des membres du groupe détenus. Ce point reste un sujet de blocage majeur, malgré des discussions en cours pour mettre en place, avec l’appui de la Croix-Rouge internationale, un mécanisme d’échange de prisonniers.
Un responsable proche du dossier affirme que cette procédure prend plus de temps que prévu, mais que des progrès sont réalisés. Le gouvernement congolais, lui, soutient que toute libération ne pourra avoir lieu qu’après la signature d’un véritable accord et non simplement d’une déclaration d’intention.
Tina Salama, porte-parole du président Félix Tshisekedi, a confirmé que Kinshasa participait toujours au processus de paix de Doha et comptait assister à toutes les réunions prévues. Reste à savoir si la présence du M23 sera finalement actée, condition indispensable pour espérer des avancées concrètes.