Les relations entre Washington et Pretoria traversent une zone de turbulences. Mardi, des législateurs américains ont adopté un projet de loi visant à réévaluer en profondeur la coopération bilatérale entre les deux pays. À l’origine de cette initiative : la politique étrangère jugée problématique de l’Afrique du Sud, notamment ses liens étroits avec la Russie, la Chine et son soutien affiché à la cause palestinienne.
Ce projet, baptisé « South Africa-U.S. Bilateral Relations Review Act », pourrait déboucher sur d’éventuelles sanctions à l’encontre de responsables sud-africains, en réaction à ce que les élus américains considèrent comme une dérive diplomatique de Pretoria.
Une proximité jugée dangereuse avec la Russie, la Chine et le Hamas
Le projet de loi reproche à l’Afrique du Sud de s’éloigner des intérêts stratégiques américains, en approfondissant ses liens avec la Chine et la Russie, mais aussi en affichant son soutien au Hamas. Pretoria rejette les accusations de connivence avec des groupes terroristes, arguant de son soutien de longue date à la cause palestinienne. La plainte sud-africaine contre Israël pour génocide à la Cour internationale de Justice en 2023 est d’ailleurs l’un des points de crispation soulignés dans le texte.
Ronny Jackson, élu républicain du Texas et instigateur du projet, accuse ouvertement l’Afrique du Sud d’avoir tourné le dos à ses anciens alliés occidentaux pour « se ranger du côté des communistes et des terroristes ». Sur les réseaux sociaux, il s’est félicité de ce premier pas vers une réponse diplomatique ferme.
Des sanctions ciblées et un contexte tendu depuis Trump
Le texte prévoit l’identification de hauts responsables de l’État sud-africain et de figures de l’ANC, susceptibles d’être visés par des sanctions, notamment pour des faits supposés de corruption ou de violations des droits humains. Aucun nom n’a été avancé, mais l’ombre de Donald Trump plane sur le dossier. L’ancien président avait accusé le gouvernement sud-africain de racisme anti-blanc et encouragé l’accueil de réfugiés afrikaners aux États-Unis.
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Face à ces menaces de représailles politiques et économiques, le gouvernement sud-africain garde le silence. Ni le ministère des Affaires étrangères ni la présidence n’ont réagi. Cette escalade législative risque cependant de compromettre davantage une relation bilatérale déjà fragilisée, au moment où Pretoria tente d’éviter de nouvelles sanctions commerciales.