L’Église catholique camerounaise a appelé au calme, craignant des violences après la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle. Le candidat de l’opposition, Issa Tchiroma Bakary, ancien porte-parole du gouvernement, s’est déclaré vainqueur du scrutin du 12 octobre, affirmant avoir battu le président Paul Biya, âgé de 92 ans, qui brigue un nouveau mandat après 43 ans au pouvoir. Cette auto-proclamation a été vivement critiquée par le gouvernement et le parti au pouvoir, qui la jugent illégale.
Tensions et risques de débordements
Le Conseil constitutionnel n’a pas encore publié les résultats définitifs et dispose d’un délai jusqu’au 27 octobre pour trancher. Entre-temps, la promesse de Tchiroma de défendre ce qu’il considère comme sa victoire alimente les craintes de violences dans le pays.
La question se pose : Paul Biya, le président le plus âgé du monde, pourra-t-il conserver son mandat malgré les contestations et les accusations de fraude ?
L’Église, voix de la raison
Dans un communiqué, la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC) a insisté sur la paix et la stabilité. Les évêques ont demandé que le résultat officiel reflète la volonté des électeurs et qu’« aucun pouvoir ne modifie les résultats ». L’Église, très respectée, agit comme la voix morale de la nation et son appel rejoint les attentes de nombreux citoyens qui exigent transparence et justice dans le processus électoral.
Certains prélats n’ont pas hésité à critiquer Paul Biya et son mode de gouvernance. En janvier, Mgr Yaouda Hourgo, évêque de Yagoua, avait déclaré qu’il valait mieux que « le diable » accède au pouvoir plutôt que Biya ne brigue un nouveau mandat. Il avait ajouté : « Nous n’allons pas souffrir davantage. Nous avons déjà assez souffert. » Ces paroles illustrent la frustration croissante dans certaines régions du pays.
Alors que le Conseil constitutionnel commencera mercredi à examiner les plaintes pour fraudes présumées, les évêques ont rappelé aux juges que « la vérité vous rendra libres ». Ainsi, ils appellent au calme, à la justice et à la transparence, soulignant l’importance d’un verdict crédible pour garantir la paix et déterminer le prochain président du Cameroun.