Raila Odinga, figure historique de la politique kenyane, est décédé mercredi en Inde à 80 ans, des suites d’un arrêt cardiaque. Ancien chef de l’opposition et cinq fois candidat malheureux à la présidence, il incarnait depuis des décennies la lutte pour la démocratie dans un pays longtemps marqué par l’autoritarisme. Ses partisans, en larmes, ont afflué vers sa résidence de Nairobi et dans sa région natale de Kisumu pour lui rendre hommage, rappelant l’attachement viscéral d’un peuple à celui qu’ils appelaient « Baba ».
Un combattant forgé par l’épreuve
Fils du premier vice-président du Kenya, Raila Odinga avait connu la prison, la torture et l’exil pour son engagement contre le régime de Daniel arap Moi. Il avait passé neuf ans derrière les barreaux, dont six à l’isolement, forgeant ainsi une endurance politique hors du commun.
Devenu Premier ministre en 2008 après un accord historique avec son rival Mwai Kibaki, il avait contribué à stabiliser un pays ravagé par les violences post-électorales. Malgré ses échecs répétés à la présidentielle, il demeurait un symbole de résilience et un artisan du multipartisme et de la Constitution de 2010.
Un héritage qui dépasse les frontières
À l’annonce de sa mort, le président William Ruto a décrété un deuil national de sept jours et des funérailles nationales. Il a salué « un défenseur infatigable des libertés » et un homme dont la vision a façonné l’histoire du Kenya moderne.
En Afrique et au-delà, de nombreux dirigeants ont honoré la mémoire d’un combattant pour la démocratie. Si son héritage reste débattu, Raila Odinga laisse une empreinte profonde dans la vie politique kenyane, entre réconciliation, courage et quête inachevée du pouvoir.