Les rues d’Antananarivo et de plusieurs grandes villes du Madagascar restent le théâtre d’une colère populaire grandissante. Pour la troisième semaine consécutive, des milliers de jeunes manifestants, rejoints par des étudiants et des citoyens excédés, réclament la démission du président Andry Rajoelina. Les premières protestations, déclenchées par les coupures d’eau et d’électricité, se sont transformées en mouvement politique majeur.
Un mouvement inspiré et déterminé
Inspirées par les révoltes de la “Génération Z” au Kenya et au Népal, ces manifestations traduisent le profond malaise d’une population confrontée à la pauvreté et à la corruption endémique. Les affrontements se multiplient à Antananarivo, Toliara et Diego Suarez, où les forces de l’ordre ont recours aux gaz lacrymogènes pour disperser les foules.
Selon l’ONU, on compte déjà au moins 22 morts et une centaine d’autres blessées, des chiffres contestés par le gouvernement.
Un pouvoir fragilisé, une population à bout
Le président Rajoelina, âgé de 51 ans, a tenté d’apaiser les tensions en limogeant son gouvernement et en appelant au dialogue, mais ses gestes n’ont pas suffi à calmer la rue, qui exige désormais son départ.
Son cabinet dénonce une manipulation orchestrée par des “acteurs politiques cherchant à déstabiliser le pays”, tout en affirmant la volonté du chef de l’État de trouver des solutions aux difficultés quotidiennes.
Cependant, plusieurs organisations de la société civile refusent toute rencontre avec le pouvoir tant que les manifestants arrêtés ne seront pas libérés. Madagascar, riche en ressources naturelles mais minée par les inégalités, semble aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire politique.