Le Mali a arrêté plus de 30 soldats et responsables militaires, accusés de vouloir déstabiliser le gouvernement, ont indiqué deux sources sécuritaires et gouvernementales. Ces interpellations, qui concernent notamment le général Abass Dembélé, ancien gouverneur de Mopti, témoignent de fortes tensions internes alors que la junte militaire cherche à consolider son emprise sur le pouvoir.
Selon les mêmes sources, entre 36 et 40 personnes ont été arrêtées ces derniers jours, dans le cadre d’opérations menées discrètement.
Un pouvoir qui resserre l’étau
La junte, arrivée au pouvoir à la suite des coups d’État de 2020 et 2021, avait promis de rétablir la sécurité face aux groupes armés qui sévissent dans le nord et le centre du pays. Mais depuis avril, le pouvoir militaire s’est surtout concentré sur son propre maintien, allant jusqu’à faire adopter une recommandation visant à nommer Assimi Goïta président pour un mandat de cinq ans renouvelable sans limite.
La dissolution de tous les partis politiques a été préconisée, déclenchant de rares manifestations à Bamako début mai, rapidement suivies par la suspension de toute activité politique sur le territoire.
Silence officiel et insécurité persistante
Ni le gouvernement ni l’armée n’ont commenté ces arrestations massives, et aucun détail officiel n’a été fourni sur les accusations précises visant les personnes interpellées. Pendant ce temps, la situation sécuritaire reste préoccupante : le Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), affilié à Al-Qaïda, a intensifié ses attaques meurtrières contre les forces maliennes et les civils ces derniers mois. Le groupe a renforcé ses moyens grâce à des raids contre des bases militaires, des enlèvements, du bétail volé et l’imposition de taxes aux communautés locales.
Depuis la rupture des relations avec les partenaires occidentaux, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont tourné leur stratégie vers un rapprochement accru avec la Russie, espérant ainsi obtenir un soutien militaire et logistique plus conséquent. Toutefois, cette orientation ne semble pas encore avoir inversé la tendance sécuritaire sur le terrain.
Ces nouvelles arrestations, en ciblant des figures militaires influentes, risquent d’accentuer les fractures internes au sein des forces armées. Elles illustrent aussi un climat politique de plus en plus verrouillé, où la lutte contre les menaces externes semble passer au second plan face aux priorités de consolidation du pouvoir.