Un policier kenyan a été arrêté à Nairobi après avoir tiré sur un civil non armé lors d’une manifestation déclenchée par la mort en garde à vue du blogueur Albert Ojwang. La scène, filmée et relayée par la chaîne Citizen TV, montre deux policiers frappant un homme à la tête, avant que l’un d’eux ne lui tire dessus alors qu’il tentait de fuir.
L’homme s’est effondré au sol sous les cris de la foule, scandant : « Vous l’avez tué ! » Selon un témoin cité par The Nation, la victime vendait des masques et ne participait pas aux manifestations.
Face à l’indignation, l’Inspecteur général de la police a ordonné l’arrestation immédiate du policier concerné. La Commission nationale des droits de l’homme du Kenya a recensé 21 autres blessés dans plusieurs comtés, dont Nairobi, Mombasa et Kilifi. Ces blessures vont des impacts de balles à des traumatismes crâniens, des coups de fouet et des crises d’asthme provoquées par l’inhalation de gaz lacrymogène. La tension est montée d’un cran avec l’apparition de motards cagoulés, non identifiés, fouettant manifestants et passants, comme le rapportent les médias locaux.
La mort d’Ojwang, un symbole des abus policiers
La mort d’Albert Ojwang, 31 ans, a ravivé les accusations de violences policières et d’exécutions extrajudiciaires dans le pays. D’abord présentée comme un suicide, sa mort a été requalifiée après qu’une autopsie indépendante a révélé des signes évidents d’agression.
Le président William Ruto a reconnu qu’Ojwang était mort « aux mains de la police » et a qualifié les faits d’« inacceptables ».
Des responsables suspendus, une enquête en cours
Le chef adjoint de la police, Eliud Lagat, à l’origine de la plainte ayant mené à l’arrestation d’Ojwang, s’est temporairement retiré de ses fonctions dans l’attente de l’enquête.
Trois autres personnes — deux officiers supérieurs et un technicien — sont en détention pour avoir tenté de démonter les caméras de surveillance du commissariat où Ojwang est décédé. Sur le terrain, les manifestations continuent, avec des slogans comme « Arrêtez de nous tuer ». Alors que l’opinion publique exige justice, les enquêtes en cours devront établir les responsabilités dans cette affaire devenue un symbole des abus policiers au Kenya.