Le Conseil constitutionnel du Cameroun a confirmé l’exclusion de Maurice Kamto de la course à l’élection présidentielle prévue pour le 12 octobre. Cette décision intervient après que la commission électorale a refusé sa candidature, invoquant un double parrainage du parti MANIDEM, également engagé derrière un autre candidat.
Kamto, ancien ministre et figure majeure de l’opposition, a tenté de contester cette décision dans les délais légaux, sans succès.
Clément Atangana, président du Conseil constitutionnel, a rendu une décision définitive, mettant un terme à tout espoir de réintégration pour Kamto. Sollicité par les journalistes, le candidat exclu n’a pas encore réagi publiquement. Pour de nombreuses voix critiques, ce rejet semble davantage politique que procédural.
Une décision controversée dans un climat tendu
L’ONG Human Rights Watch a exprimé de vives inquiétudes, pointant du doigt une élection qui s’annonce déjà entachée de doutes quant à sa crédibilité. Ce rejet, selon elle, s’inscrit dans une dynamique de verrouillage de l’espace politique, à l’avantage du pouvoir en place.
Lundi, une manifestation de soutien à Kamto a eu lieu devant le Conseil constitutionnel. Elle a rapidement été dispersée par la police à l’aide de gaz lacrymogènes.
Des dizaines de manifestants ont été arrêtés. Selon un commissaire de police interrogé par Reuters, plusieurs d’entre eux étaient encore en détention mardi. Le climat préélectoral devient de plus en plus explosif, dans un pays où l’opposition peine à se faire entendre face à un appareil d’État solidement verrouillé.
Biya se présente pour un nouveau mandat
Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis 1982, a annoncé sa candidature pour un nouveau mandat, confirmant ainsi son statut de doyen des chefs d’État en exercice dans le monde. Lors du scrutin de 2018, Maurice Kamto avait recueilli 14 % des suffrages selon les chiffres officiels, contre une large victoire de Biya – des résultats déjà contestés à l’époque pour fraude.
L’élimination de Kamto à cette élection risque d’alimenter davantage la défiance d’une partie de la population envers le processus électoral.