Le procès de Joseph Kabila s’est ouvert à Kinshasa dans un climat tendu. L’ancien président de la RDC doit répondre de plusieurs accusations graves, notamment de trahison, de meurtre et de soutien présumé aux rebelles du M23.
Les rebelles du M23 contrôlent aujourd’hui une grande partie de l’est du pays, une région stratégique pour ses ressources minières. Kabila rejette toutes les charges portées contre lui et refuse de se présenter à l’audience, dénonçant une procédure « arbitraire » orchestrée par ses anciens alliés devenus rivaux.
Des accusations lourdes et une fracture politique
Le président Félix Tshisekedi accuse personnellement son prédécesseur d’alimenter l’insurrection à l’est. En mai dernier, le Parlement a levé l’immunité de Kabila, ancien sénateur à vie, pour permettre son jugement.
Cette décision a marqué un tournant décisif dans l’affrontement politique entre les deux hommes. Dans une vidéo publiée puis supprimée, Kabila a vivement critiqué le régime actuel, l’accusant de dérive autoritaire et de déclin démocratique.
Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a balayé ces accusations, qualifiant l’ex-président d’« homme sans vision pour le pays ».
La guerre à l’est ravive les tensions régionales
La crise sécuritaire à l’est de la RDC s’intensifie malgré un accord de cessez-le-feu signé la semaine dernière. Les combats se poursuivent et les Nations unies, appuyées par plusieurs pays occidentaux, pointent du doigt le Rwanda, qu’ils accusent de soutenir militairement le M23. Kigali rejette fermement ces allégations et prétend vouloir éviter un débordement du conflit sur son territoire. En parallèle, les autorités congolaises accusent Kabila d’utiliser cette instabilité pour déstabiliser l’État central.
L’ancien président, revenu à Goma en mai après deux ans d’exil volontaire en Afrique du Sud, garde encore une influence considérable dans certaines régions. Son parti, le PPRD, désormais interdit, continue d’exister dans les discours de ses proches. Ferdinand Kambere, un de ses anciens lieutenants, dénonce un traitement politique « à deux vitesses » et accuse le gouvernement d’avoir conclu un accord trop indulgent avec les rebelles tout en s’acharnant sur Kabila.
Le procès de Joseph Kabila dépasse donc le simple cadre judiciaire. Il révèle une profonde fracture entre les deux camps qui se disputent l’héritage politique de la RDC. À mesure que le pays s’approche d’échéances électorales cruciales, cette affaire pourrait redéfinir les rapports de force et raviver les tensions dans une nation déjà meurtrie par des décennies de conflits.

