Un rapport explosif du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) révèle qu’au moins 169 civils ont été tués par les rebelles du M23 début juillet dans le territoire de Rutshuru, dans l’est de la République démocratique du Congo. Les victimes, principalement des agriculteurs hutus congolais, ont été ciblées alors qu’elles campaient dans leurs champs pendant la saison des labours.
L’attaque aurait été menée dans le cadre d’une opération visant des membres supposés des FDLR, un groupe armé rwandais basé en RDC.
Selon des sources locales citées par Reuters, les victimes avaient été précédemment rassurées par le M23 quant à leur sécurité, ce qui les avait encouragées à revenir dans la zone. Toutefois, elles auraient été surprises par les rebelles, qui ont utilisé des armes à feu et des machettes pour les tuer. L’ampleur du massacre et l’isolement des lieux ont empêché toute intervention ou assistance immédiate. Pour le BCNUDH, ces actes pourraient constituer des crimes de guerre.
Kigali toujours accusé de soutenir le M23
La résurgence du M23, un groupe accusé de crimes graves dans l’est du Congo, continue d’attiser les tensions entre Kinshasa et Kigali. Le Rwanda est de nouveau mis en cause dans un récent rapport d’experts des Nations Unies, qui affirme que Kigali exerce un contrôle direct sur les opérations du M23, dans le but de s’approprier des territoires riches en minerais. Le gouvernement rwandais dément catégoriquement ces accusations, les qualifiant de manipulation visant à masquer les problèmes de sécurité liés aux FDLR, qu’il considère comme une menace directe.
Face à la gravité du rapport onusien, Bertrand Bisimwa, chef du M23, a annoncé qu’une commission interne serait mise en place pour enquêter, tout en dénonçant une « campagne de diffamation » orchestrée par certains employés du BCNUDH. Il a exigé que les faits soient vérifiés avant toute sanction et a dénoncé la « précipitation » à publier des informations non confirmées.
Un processus de paix compromis
La persistance des violences jette une ombre sur les négociations de paix récemment engagées sous l’égide des États-Unis. Le 27 juin dernier, un accord avait été signé à Washington entre les ministres des Affaires étrangères congolais et rwandais, prévoyant notamment le retrait des troupes rwandaises de la RDC et la neutralisation des FDLR. Mais les progrès sont lents et les promesses restent floues, tandis que les civils continuent de subir les conséquences de ce conflit.
Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a affirmé que les massacres de Rutshuru démontraient que le M23 est une force déstabilisatrice incapable d’assurer la sécurité. Il a plaidé pour un retour de l’autorité de l’État dans l’est du pays, condition indispensable, selon lui, à une paix durable.
Dans cette région stratégique et convoitée pour ses ressources naturelles, la population reste la première victime d’un affrontement géopolitique complexe, alimenté par des intérêts croisés et une impunité persistante.