La commission d’enquête mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour documenter les crimes de guerre présumés en République démocratique du Congo est aujourd’hui dans l’impasse. Selon une lettre du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), la mission ne peut pas poursuivre ses travaux, en raison d’une grave crise de financement.
En cause : le non-paiement des contributions de certains États membres, mais aussi les coupes dans l’aide étrangère décidées sous l’administration Trump, qui continuent de produire leurs effets. Moins de six mois après sa création, la commission ne peut plus avancer faute de moyens, malgré les premiers éléments recueillis sur des exécutions sommaires et des violences sexuelles dans les provinces de l’est congolais, où sévit le groupe rebelle M23 soutenu par le Rwanda — un soutien que Kigali dément.
Des conséquences lourdes pour la justice internationale
Le Haut-Commissaire Volker Turk a alerté sur les conséquences de cette paralysie, dénonçant dans une note transmise aux États membres que le manque de ressources entrave gravement le travail d’enquête. Le HCDH a déjà engagé 1,1 million de dollars pour lancer la mission, épuisant ainsi ses réserves, mais il lui manque encore près de 3,9 millions pour mener les investigations promises.
Ces retards pourraient compromettre les preuves essentielles à d’éventuelles poursuites devant des juridictions internationales, notamment la Cour pénale internationale. Lors d’une réunion à Genève, plusieurs diplomates ont exprimé leur inquiétude : l’Afrique du Sud a dénoncé une « grave erreur », tandis que la RDC a regretté que ce blocage puisse donner l’impression que l’enquête n’est pas une priorité pour les Nations unies.
Le silence budgétaire face aux cris des victimes de Goma et Bukavu.
Face à cette impasse, le HCDH affirme vouloir mobiliser de nouveaux financements dès 2026, mais les délais risquent de réduire l’impact de l’enquête sur le terrain.
Le chef de l’Unité d’appui aux enquêtes de l’ONU, Alex El Jundi, a rappelé que les faits recensés — massacres, exactions, violences sexuelles — pourraient constituer des crimes de guerre au regard du droit international. En attendant, les populations de Goma, Bukavu et des environs continuent de subir des violences sans qu’aucune justice ne semble en vue.