Dans une nouvelle tribune poignante, l’ancienne ministre des armées du Togo, Marguerite Gnakadé, tire la sonnette d’alarme sur la trajectoire inquiétante de la dette publique du Togo. Face à une spirale d’endettement croissante, elle interpelle les partenaires financiers nationaux et internationaux sur l’absence de retombées concrètes pour les populations, malgré les importants financements accordés au régime en place.
Selon Mme Gnakadé, le Togo s’enlise dans une logique où les dettes contractées ne se traduisent ni en projets visibles ni en amélioration du quotidien des citoyens. Loin de favoriser le développement, ces emprunts alimenteraient plutôt une gouvernance opaque, creusant davantage le fossé entre les élites et le peuple, et compromettant sérieusement l’avenir des générations futures.
« Combien de temps les partenaires financiers continueront-ils à soutenir un régime qui lutte pour transformer les ressources mobilisées en résultats tangibles ? », s’interroge l’ancienne directrice de la Banque togolaise pour le commerce et l’industrie (BTCI, aujourd’hui IB Bank).
Une dette sans résultats visibles
Si la dette peut servir, dans d’autres pays, à dynamiser la transformation structurelle, au Togo elle semble alimenter l’inertie. Les projets financés manquent de visibilité et la population peine à percevoir des améliorations concrètes.
Pire encore, les politiques préconisées par les bailleurs — hausse des taxes, réduction des subventions, augmentation des tarifs — aggravent le quotidien déjà précaire des citoyens.
« Malheureusement au Togo cette logique est inversée il n’y a pas d’actifs correspondants. Les dettes augmentent mais bizarrement la misère continue. Les ressources empruntées destinées à financer la croissance sont souvent gaspillées, mal dirigées ou englouties dans des plans opaques, la majorité de la population ne voit aucune amélioration réelle, » a t-elle écrit.
Mme Gnakadé dénonce ainsi des décisions imposées qui affaiblissent les plus vulnérables tout en épargnant les responsables de la mauvaise gestion des fonds.
Appel à la responsabilité et à la transparence
L’ancienne ministre pose une question centrale : où vont réellement les fonds empruntés ? Alors que les conditions de vie se détériorent, aucun mécanisme crédible ne semble exister pour garantir l’usage responsable de l’argent public. La culture de l’impunité prévaut, et toute voix critique se heurte à la répression.
« Le peuple togolais ne demande pas la charité. Ils demandent que chaque franc emprunté en leur nom serve à construire leur avenir. Sinon, nous continuerons à spiraler dans une situation où la dette alimente la stagnation, où l’avenir est hypothéqué et où l’espoir du peuple togolais est trahi, année après année, » poursuit t-elle.
Pour l’ancienne ministre, il ne s’agit pas de rejeter l’emprunt en soi, mais de réclamer une gouvernance responsable. Chaque franc emprunté au nom du peuple doit être investi dans l’avenir collectif.
Mme Gnakadé conclut sur un ton d’urgence, affirmant que le Togo ne peut plus se permettre d’hypothéquer son avenir au nom de promesses non tenues. Elle appelle à rompre avec un modèle d’endettement qui enrichit une minorité et appauvrit la majorité.
« Que pouvons-nous encore espérer d’un régime qui, depuis 20 ans, n’a rien fait de fondamental pour assurer le bien-être de son peuple, malgré qu’il ait englouti des milliards de FCFA ? » a t-elle conclu.